Le mois de septembre a eu le droit à son habituelle rentrée musicale riche de diversité. Les rédacteurs et rédactrices de Gather ont fait le tri dans tout ça pour vous en proposer le nectar ! Profitez de ce bilan récapitulatif pour vous reposer comme il se doit après l’évènement de cet autonome 2022 : la soirée Gather Up #1 !
(Crédit visuel : Kenny Beats – LOUIE 002, réalisé par Reed Bennet & Kenny Beats)
Victor
Projets :
$ouley – 4 DA SUMMER!

Ne jetez pas votre crème solaire. Au crépuscule de l’été, $ouley a décidé de prolonger un peu plus les beaux jours en sortant dans le temps additionnel 4 DA SUMMER!. Avec un projet qui sent bon le soleil et l’eau salée, le Bordelais, en l’espace de seulement 20 minutes, nous fait presque oublier la fadeur du mois de septembre. On aurait évidemment préféré qu’il nous accompagne pendant nos vacances, en sirotant des limonades sucrées sous les palmiers, mais le plaisir de l’écouter dans les transports en commun sous la grisaille ne ternit pas l’écoute de cette radieuse brève. 4 DA SUMMER!, au-delà d’être une vague réminiscence caniculaire, est aussi l’exhibition d’une palette étincelante que laissait déjà entrevoir TYPE 993. Entre les drums chaloupées de « Summa Milk », les ambiances atmosphériques d’une nuit étouffante d’août de « Gater » et « Heartbreak », la drum’n’bass entraînante de « Keep! » ou bien l’effervescence de « Super Fly (Criminel) » et les rythmes disco de « Bouziller », $ouley s’affirme comme l’un des rookies les plus captivants et versatiles. Si la grisaille environnante vous déprime, 4 DA SUMMER! est sans aucun doute le meilleur des remèdes.
Nicholas Craven & Boldy James – Fair Exchange No Robbery

À la fièvre estivale de $ouley s’oppose la frigidité hivernale de Fair Exchange No Robbery. Le Montréalais et le natif de Détroit sont arrivés comme un blizzard avec un projet des plus glacials et un mantra qui se fait connaître d’entrée : « May the best man win, winner takes all« . Les samples de soul ultra bruts dénichés par Nicholas Craven trouvent un écho déconcertant de symbiose au flow âpre et austère de Boldy James, qui semble ne pas baisser de régime depuis The Price Of Tea In China, tant chaque projet est d’une réussite palpable. Déjà transporté par l’éthéré « Power Nap », aussi intimiste que saisissant, le projet n’est que la confirmation d’un labeur bien accompli où les sonorités d’apparence parfois marmoréenne résultent en une musique aussi sirupeuse que la mythique mélasse dont la cover s’inspire. Les effluves des briques poisseuses des rues, que Boldy James n’a cessé d’arpenter, alliées à la douceur de velours des productions lounge de Nicholas Craven, exhument la sempiternelle ambivalence du MC du Michigan, entre passé dévoyé et rédemption en ligne de mire : « Make sure that my son know that I always stood up straight and tall ».
Morceaux :
Freddie Gibbs (ft. DJ Paul) – PYS
Lucki (ft. Future) – KAPITOL DENIM
Mairo – Rap Mag
Mura Masa & Erika de Casier – e-motions
8ruki – Encore+
Paul
Projets :
Prince Waly – Moussa

Intro avec voix-off, scènes de fusillades et intrigue amoureuse, Waly nous livre un projet personnel rythmé de quelques séquences 100 % divertissement rappelant les grandes heures de Time Bomb. Trois ans après son dernier EP BO Y Z et une lourde période de convalescence plus tard, le rappeur montreuillois revient en force avec un premier album aux airs de long-métrage mafieux. Côté rôles principaux, la voix suave d’Enchantée Julia tranche à merveille avec la dureté du récit conté par Waly tout au long de ces quatorze titres. Pour le reste du casting, Moussa est porté par une pelletée de seconds couteaux digne des meilleurs films choraux. La présence d’Ali sur Rottweiler est en ce sens aussi puissante que logique, tant le flow du rappeur de Lunatic se retrouve dans le phrasé de Waly sur des morceaux comme « Messe ». 2022 est-elle l’année de Montreuil ? Réponse le 14 octobre avec l’album de Souffrance et le 21 avec la Gather Up #1 !
Jeune Mort – MORTUUS

Commençons par le commencement : agissant sous le nom de Zoonard au sein du Bohemian Club, l’artiste originaire de Seine-et-Marne s’est récemment renommé « Jeune Mort », choisissant ainsi le meilleur nom de rappeur français depuis Kalash Criminel. Proche depuis quelques années du label pilier du rap indé parisien actuel, aka La 75e session, sa signature y est officialisée en septembre avec la sortie d’un premier EP : MORTUUS. La collaboration entre le rappeur et le label fait sens, ceux-ci se rejoignant sur cette énergie sombre que l’on peut retrouver dans les récents projets de Sheldon ou d’M le Maudit. Sur ce cinq-titres court et efficace, Jeune Mort nous propose une petite carte de visite de ce qu’il sait faire, entre morceaux calmes et véritables agressions verbales. Hâte de découvrir maintenant ce que cela donne sur un plus long projet…
Morceaux :
GREMS – Dipro / Panaméra / Elovi
Freddie Gibbs (ft. Offset) – Pain & Strife
Duke Mobb & Ratu$ – Nas et JAY-Z
Oliver Sim – Saccharine
YG (ft. Mozzy & D3szn) – How To Rob A Rapper
Lucille
Projets :
Romance – Once Upon A Time

Sorti initialement à la fin du mois de janvier, uniquement sur Bandcamp, Once Upon A Time a fait sa réapparition ce mois-ci sur les grandes plateformes de streaming, en même temps que la sortie d’un album commun avec Dean Hurley, tout aussi réussi. Derrière Romance, on se sait pas exactement qui ou combien de personnes se trouvent ; on sait en revanche que la création vient d’Angleterre et l’inspiration du Canada, car cet EP imagine un monde où Céline Dion serait une icône de l’ambient. Les voix de la star sont allongées, distordues ou reverbées à outrance pour en faire au final ressortir uniquement l’émotion ou la délicatesse qui avaient été absorbées dans le maximalisme de l’œuvre originale. L’ouverture est donc une version calme d’une Céline de 2002 qui nous questionne en boucle: « Have you ever been in love? ». La trilogie « Remember », « Crying Is The Only Thing That Gets Me Through » et « I’ve Been Blown by the Wind » vient servir un propos simple, qui aurait pu être aussi éculé que les hommages déjà exprimés, mais qui se redéploie dans une dimension d’une poésie et d’une sérénité pudique rarement égalée.
Kai Whiston – Quiet As Kept, F.O.G.

Initialement prévu pour la fin juillet, Kai Whiston a finalement sorti la suite du déjà excellent Drayan! au milieu du mois de septembre. Nombreux et alléchants avaient été les singles dévoilés, mais ils prennent toute leur dimension au sein d’une œuvre riche au service d’un ambigu et bordélique storytelling. L’album sert d’introspection au Londonien : de sa découverte des mouvements trance, hardcore, notamment les raves des années 90, aux spécificités de grandir dans une famille nomade où les préoccupations financières sont omniprésentes. Entrecoupé d’extraits de sa mère, l’album s’octroie un spectre allant d’une pop ultra maximaliste en introduction avant de s’associer aux Pussy Riot pour un missile qui annonce le rôle assassin des basses sur cet album (un triptyque avec « Carrier Signal » en collaboration avec EDEN dantesque) et de divaguer jusqu’au breakbeat ou la drum’n’bass. Quiet As Kept, F.O.G. s’adresse au corps et non à l’esprit. Il va chercher une définition de « viscéral » dans tout ce que ce mot implique de chaotique. Encore une démonstration de force d’un gamin de 21 ans, au casting en parfaite harmonie avec qui il a décidé d’être.
Morceaux :
Fred Again – Danielle (smile on my face)
Jockstrap – Concrete Over Water
Perera Elsewhere – Travel Lite
Shygirl – Poison
Estoc (ft. Odile Myrtil) – Serenity
Bonus : IVVVO – So Sad
Erfry
Projets :
Sudan Archives – Natural Brown Prom Queen

Parfois, on se réveille un matin avec une envie de découverte, et au hasard d’une cover et d’un avis dithyrambique attrapés au vol sur Twitter, on lance un album sans vraiment savoir de quoi il s’agit. C’est ce qu’il m’est arrivé il y a quelques semaines avec le dernier album de Sudan Archives, chanteuse et violoniste originaire de Cincinnati signée chez le prestigieux label Stone Throw Records. Et j’ai été vraiment soufflé dès la première écoute. Natural Brown Prom Queen est un mélange expérimental et jouissif de pop, RnB, rap, de musique électronique et africaine, qui se joue des structures et des conventions. Mais c’est aussi le récit d’une jeune femme noire cherchant à reprendre le contrôle sur son existence, son corps et ses envies alors qu’on ne cesse d’essayer de lui dicter son comportement.
« Homemaker », premier son de l’album, est ainsi une entrée pop prônant l’importance du bien-être mental et du recentrage sur soi, juste avant que, tout en attitude et en lyrics acerbes, la chanteuse ne clame “I’m not average” sur « NBPQ », célébration aux influences trap et africaines, s’achevant par une redescente d’adrénaline accompagnée des violons de l’artiste. Que ce soit alors le très catchy « Ciara », dont le refrain hante mes pensées depuis maintenant plusieurs semaines, la brillante ballade évolutive « ChevyS10 », l’hymne sensuel au désir « Homesick », ou l’explosif « Loyal », qui n’est pas sans rappeler sa collègue anglaise FKA Twigs, l’intensité ne semble jamais redescendre, tant les pistes pourtant si différentes s’enchaînent avec fluidité. Sudan Archives laisse ainsi avec cet album une impression très forte, que ce soit par sa très grande richesse musicale ou son contenu lyrical sans concession dédiée à l’émancipation féminine et à l’acceptation de soi.
Freddie Gibbs – $oul $old $eparately

Certains ont douté. Il faut dire que ce nouvel album du Don Cheadle de Gary était attendu. Ses derniers albums, Bandana aux côtés de l’immense Madlib, et Alfredo, le Grammy-contender en collaboration avec Alchemist, avaient terminé de le placer au rang de prétendant au titre de rappeur de la décennie. Mais dès la fin d’année 2020, Gibbs avait mis les choses au clair : son prochain album serait son blockbuster, le missile commercial après lequel il court depuis des années. Car s’il est surtout connu comme figure de proue d’un hip-hop underground fait de samples poussiéreux et de mafioso rap moderne, Gibbs a toujours été un grand amateur de trap et de musique plus accessible. Et cette fois-ci, Gibbs a mis les bouchées doubles pour célébrer son statut de quasi-« God MC ». Car à côté de ses collaborateurs habituels (Madlib, The Alchemist, Pusha T, Rick Ross et j’en passe), Gibbs invite aussi du hitmaker à n’en plus finir : le Canadien Sevn Thomas (« Work », « Real Friends », « Pop Style », « Wake Up »), James Blake, Jahaan Sweet (« Lucky You », « N95 »), Offset, Musiq Soulchild, etc. Ainsi, certains ont douté, lorsque la tracklist révélée ne comportait aucun des singles très réussis qui avaient suivi à Alfredo, que la cover n’était pas spécialement attrayante, et encore plus avec la sortie de « Too Much » avec Moneybagg Yo comme premier single.
Et pourtant, comme d’habitude, quelle réussite. Freddie réussit sur tous les tableaux : il se fait un kiff sudiste en invitant DJ Paul, prouve une nouvelle fois son alchimie légendaire avec son partenaire d’Alfredo, continue de s’étendre sur son amour lapinesque, livre une prestation introspective et touchante, et achève cette victory lap avec (on espère) un avant-goût de Montana (en plus d’effectuer un dernier rappel aux côtés de DJ Dahi et Scarface). On pourra juste regretter quelques feats et productions en deçà, ainsi que des invités en skits douteux, mais bon, en 2022, on connait bien les goûts parfois discutables de Freddie Gibbs.
Morceaux :
Ari Lennox – Outside
MAVI – Baking Soda
LELEEE & AvddxcT – Audiocrack
Che Noir (ft. Benny The Butcher) – Wash the Dishes
Duke Mobb & So La Lune – Pression
Hovito
Projets :
Mac J – True Story

Dès ses premières apparitions aux côtés du regretté Bris, il coulait de source que Mac J disposait du talent nécessaire pour faire son trou en solo. Si les images que nous divulgue le rappeur de Sacramento sont minutieusement formulées, aiguillées par un slang qui lui est propre, c’est sa faculté à interpréter ses paroles avec une extrême sensibilité qui fait l’intérêt de sa musique. Constamment au bord du gouffre, il passe du rire aux larmes d’une phase à l’autre et se noie dans des émotions qu’il laisse transparaître sans le moindre filtre. Après avoir perdu tant d’amis, le désespoir prime dans une guerre qu’il mène contre ses démons, dont il ne parvient pas à se défaire. Trickymode en était les prémisses, mais True Story est le disque qui lui permet de définitivement assoir sa propre identité sonore, typiquement californienne, dans laquelle les samples grillés habillent une tristesse et une mélancolie ensoleillée.
OTM & Ralfy The Plug – Stincs Got It Off The Mussle

Pendant que Ralfy The Plug s’est improvisé chargé de mission pour maintenir la vérité en vie, on aura assisté en 2022 à l’explosion d’OTM (duo composé de BluePesos et Duffy). Les productions minimalistes leur permettent de dresser un panorama anxiogène de leur ville, simplement par le biais d’un récit détaillé de leur quotidien ainsi que de leur timbre de voix, on ne peut plus machiavélique. « Stinc Team still run LA, it’s kinda crazy ain’t it? » répète Duffy dans le refrain de « Crazy Ain’t It ». Alors qu’ils paraissent quelque peu isolés dans Los Angeles et en conflit avec le reste de la ville, c’est bien la Stinc Team qui semble définir mieux que personne l’ambiance actuelle dans la cité des Anges. Ce paradoxe s’explique en partie par leur mode opératoire : leurs chaînes YouTube sont constamment alimentées de clips tournés dans la foulée de l’enregistrement des morceaux, dans lesquels on voit les rappeurs faire mine de marmonner sans vraiment se souvenir des couplets crachés au micro quelques minutes avant. Ce disque à rallonge est bien dans la même veine que ce qu’ils ont l’habitude de sortir chaque semaine sur YouTube. En dépit des décès de Drakeo The Ruler et de Ketchy The Great, ce crew continue de donner le ton dans le rap californien.
Morceaux :
SieteGang Yabbie (ft. Lil Weirdo) – FREE B3 FREESTYLE
Suga Free (ft. YeloHill) – Or Na
Tion Wayne (ft. Unknown T) – Who Else?
EST Gee ( ft. Jeezy) – The Realest
Drakeo The Ruler (ft. Ralfy The Plug) – Suicide Dawn
Hugo
Projets :
Grandamme – Holy Mountain

Claudia Kane et Bastien Kelb se sont bien trouvés. Suite à leur rencontre à travers des amis communs de l’industrie, ils se sont trouvé des affinités musicales et cinématographiques qui les ont poussé à lier une amitié, notamment artistique, assez fusionnelle. De là est né le projet de chamber pop Grandamme. Claudia Kane se retrouve la star d’un mélodrame rétro-futuriste mis en musique par les compositions mélancoliques, au velour immaculé de Kelb. Il est tard, très tard dans le cabaret, la plupart des clients ont tiré leur révérence, et c’était tout ce qu’attendait Kane pour se livrer à une performance intime, que seuls quelques rares chanceux auront le privilège d’apprécier. Les lumières tamisées font contraster la pâleur de sa peau avec le bordeaux de l’épais rideau qui semble envelopper sa silhouette. L’orchestre est à son diapason, on croit percevoir un début de pluie au dehors, peut-être est-ce elle qui l’a invoqué lorsqu’elle a laissé échapper les premières mesures de son élégie. Sa voix fuyante semble manquer d’articuler certains mots à dessein, comme si les former complètement faisait trop mal. Les derniers insomniaques restent suspendus à ses lèvres, et lorsqu’ils tentent de partir, une nouvelle saillie de l’orchestre ou une mélodie irrésistible les retiennent. L’ambiance vaporeuse et alourdie par la fumée de cigarette ajoute une dimension irréelle à ce qui se joue ici. La vaste pièce semble se rétrécir à vue d’oeil pour ne plus englober que le corps et le micro sur scène. Finalement, Kane s’arrêtera, jugeant avoir suffisamment extériorisé pour la nuit. Et les clients, encore hypnotisés, rentreront chez eux abasourdis, en se demandant si les évènements de la fin de soirée n’étaient pas qu’un étrange rêve.
Alivenique – Year Of The Statement

Ali Beletic a vu ses peintures et sculptures enjouer une partie considérable de magazines tendances tels que Vogue ; elle a pu en accrocher certaines aux côtés d’illustres créateurs tels que Barbara Kreuger, Rick Owens ou Isamu Noguchi ; son nom est bien connu dans les sphères artsy américaines. Elle semble avoir une culture cinématographique, artistique, musicale, sociologique même, assez conséquente, au vu des innombrables références qu’elle invoque dans ses prises de paroles et les descriptifs de ses productions artistiques. Sur le papier, cela peut être tout autant un drapeau rouge furtif qu’un signe avant-coureur de grandeur. Non contente de ses travaux plastiques, elle compose également de la musique et chante, créant avec une idée de complémentarité en tête. Il y a peu, elle s’est décidée à faire un pas en avant musical de taille en mettant au point le projet Alivenique, qu’elle décrit notamment comme un « projet meta-pop-art » entendant faire figure d’avant-gardiste dans tout un tas de directions qu’il serait inutile d’évoquer plus avant, puisque ce qui importe, c’est ce qui a résulté de cette impulsion. Et figurez-vous qu’au final, elle a réussi à créer quelque chose d’assez unique en son genre et qui effectivement, pourrait bien être ce qu’on pourrait appeler avant-gardiste. Il s’agit d’un album où elle mêle – habilement – une large palette de genres et de textures, toujours avec un instinct pop puissant, empruntant des percussions latines ici, des élans rock vintage là, incorporant des chants inspirés de l’Orient dans le tout, et bien d’autres choses encore. Assurément, c’est un concentré dense, surprenant, marginal dans son organisation et extrêmement efficace dans son exécution, et qui n’est pas sans rappeler, à certains égards, les grandes heures de M.I.A., l’influence hip hop en moins (ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi). En tant qu’énorme amateur de pop de tous horizons, c’est pour moi l’un des albums de l’année. Ecoutez donc « Cachaça » et vous entendrez.
Morceaux:
Eden – Modern Warfare
Oliver Sim – Run The Credits
The Murlocs – Living Under A Rock
Beth Orton – Lonely
Alex G – Blessing
Valentin
Projets :
LA Timpa – Pity By One All Good Treasure

Déconcertante. La musique de LA Timpa, mélange d’ambient, de folk-pop et de drone, l’est à bien des égards. Sur ces singulières fondations, l’artiste canado-nigérian a bâti un monde aussi fascinant que torturé, évocation de sentiments familiers mêlant tourment et contemplation. Pity By One All Good Treasure, son nouvel album, se caractérise par la répétition omniprésente de motifs instrumentaux, tout au long des morceaux. Mais loin de vouloir nous anesthésier, cette répétition cherche ici plutôt à nous hypnotiser, bien aidée par la voix dissonante et faussement désincarnée, reconnaissable entre mille, de LA Timpa. Ce dernier nous offre une nouvelle fois de magnifiques songeries, comme « Treatment (Judge And See) », véritable bande originale pour virée nocturne solitaire, ou encore « Through Mine », qui n’est pas sans rappeler les compositions hantées d’Yves Tumor sur Serpent Music.
Oren Ambarchi – Shebang

Guitariste, batteur, sorcier de l’improvisation, expert en techniques de composition expérimentales et explorateur des mondes cachés de l’électronique, du rock et de bien d’autres choses encore : Oren Ambarchi a, au fil des années, collectionné les casquettes et les étiquettes. Avec Shebang, son dernier album, le prolifique Australien signe une captivante pièce de 35 minutes, à avaler d’une seule traite. Une œuvre en constante évolution, débutant par une douce guitare carillonnante avant de muter en une démonstration de percussions jazzy et rythmées, parsemée d’étincelles de synthé, de clarinette basse ou de piano. Bien qu’on ait du mal à le croire tant l’ensemble est cohérent et harmonieux, chaque partie instrumentale a été enregistrée individuellement par plusieurs musiciens, avant d’être assemblée avec les autres par Ambarchi. Impressionnant, certes, mais pas autant que la merveilleuse musique qui en résulte.
Morceaux :
Aasthma (ft. Gavsborg) – Nod
AceMula (ft. Rek Banga) – HIT DAT
DJ ADAMM x TYSON – PANICO
KΣITO – Shinkai
Kelz – Why
Arthur
Projets :
Coded Oxygen – Nearly Midnight

Il est assez difficile de trouver les mots justes pour définir Nearly Midnight, le deuxième album du londonien Coded Oxygen. C’est un projet à la fois ambitieux et complexe qui n’hésite pas à mêler les genres et à passer du folk au scintillement électronique à une shoegaze discordante. Nearly Midnight est une quête idyllique de 44 minutes, c’est un voyage sensoriel à la recherche d’une essence perdue. Coded oxygen propose un travail de déconstruction. Il cherche à faire disparaître, à annihiler sa voix sous plusieurs couches en l’inondant d’effets. Nous ne savons jamais ce qui va suivre. La mélancolie s’installe, saupoudrée de nostalgie d’une époque passée qui n’est pas sans rappeler le groupe Duster.
Michael J. Blood – Blood FM Part 1

Dépoussiérez votre veille machine analogique, votre TR-808 ou votre clavier Moog par la suite sampler de la dance music des 70’s, injectez quelques craquements d’un vinyle usé et vous obtiendrez peut-être quelque chose qui ressemble à 1 heure d’inédits de Michael J. Blood. Michael J. Blood est un producteur de musique électronique depuis maintenant quelques années. Signé chez les Anglais de 2 B Real, il est un homme de l’ombre, qui n’apparaît que très rarement et qui n’a livré pour le moment qu’un seul et unique projet. Si je vous parle non d’un album mais d’un mixe c’est que pour moi il en a presque la forme. C’est un labyrinthe, une œuvre inclassable qui oscille entre club music, footwork, outsider house et spoken word. Il en ressort 60 minutes hypnotiques, oniriques et une envie d’y replonger indéfiniment.
Morceaux :
OHMA – Between All Things
Nick Hakim – Vertigo
Coby Sey – Etym
Willis Anne – Passage
Obongjayar – Sugar (Vigro Deep Remix)
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